BIENTÔT DANS VOTRE GARE

 

 

 

 

 

 

Une rame de TGV ( vers Montpellier)

peu avant son passage à

la gare de La Franqui  (Leucate)

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous ai parlé des espaces de nature autour de l'étang de Leucate (et des autres pièces d'eau qui communiquent avec lui, tout au long de cette anse du Golfe du Lion). Ce ruban d'acier qui longe, comme un liséré, la limite de l'eau entre la plaine côtière à hauteur de Perpignan, au sud, à la périphérie, et Sète, plus vers la "civilisation" centrale, symbolise la difficulté qu'il y a à concilier les exigences (?) d'un désenclavement des petits patelins et le respect de l'environnement sauvage. La présence, sur la ligne d'horizon, des aérogénérateurs honnis - pas par tout le monde, je l'admets - renforce encore la pertinence de mon sujet.

 

La Franqui vous accueille en général par la route principale unique qui passe devant la gare de ... Leucate, village pourtant distant de plusieurs kilomètres. Les trains régionaux y arrêtent, mais pas les TGV, ou alors de manière exceptionnelle. Pourtant, le seul couloir qu'on ait pu libérer pour ces convois lourds et nécessitant une assise très stabilisée trace son trajet en plein milieu de parcs naturels et les machines ne peuvent en aucun cas y rouler à grande vitesse. Pour les dormeurs du pied de la falaise, c'est bien ainsi. Lorsque le vent vient du rail, on remarque à peine le passage des rames. Quand il souffle vers les Corbières, on ne sait même pas qu'il y a des trains.

 

En cette fin de week-end, ce ne sont d'ailleurs pas les bogies qui nous ont empêchés de dormir. Mais nous avons assisté à des intempéries qui signent l'établissement du mois de mars: orages, grêle, neige fondante, rafales de vent violentes. Pourtant, petit à petit, Christine et moi trouvons nos marques en pays audois. Nous allons à l'avenir y passer les moments de la semaine où le travail de cave, ou bien les exigences du calendrier de la vigne, ne nous coincent pas en Riberal. Ce demi-isolement, qui offre toutefois une proximité bien commode avec le domaine, permettra de recharger les batteries et de jouir encore un peu plus du cadre champêtre de l'Occitanie. Toutefois, le petit potager qui voit le jour risque fort de m'obliger à des heures supplémentaires devant les fourneaux, si toutefois les limaces et les lagopèdes n'interviennent pas trop, et surtout si le chevreuil - à en juger par les empreintes et la manière de faire - qui a rongé l'autre nuit les pousses tendres d'un palmier d'ornement ne multiplie pas ses visites. 

 

Enfin, un garage ayant peu d'utilité en l'état devrait à terme accueillir ce qu'il faut pour se mettre de la jolie musique entre les oreilles, dans de bonnes conditions acoustiques pour les mélomanes, et sans nuisance pour les voisins ou les autres occupants occasionnels. Certains installent à grands frais une résidence secondaire éloignée dont ils profitent très peu, tout en supportant les soucis  que cela entraîne. Parmi mes amis, il y en a par contre qui ont opté pour une habitation de vacances qu'ils fréquentent au contraire souvent, profitant de moyens de communication excellents, ou alors la mettent en location "haut de gamme" quand ils n'y sont pas.  Ces solutions sont élégantes. Nous, de notre côté, allons tenter d'avoir un domicile pour les travaux du vignoble, la vendange et la vinification, et un autre, pas trop éloigné, où combiner les tâches administratives et le délassement. Cela fait douze ans révolus que j'ai commencé le métier de vigneron, et je n'avais pas encore pris de vraies vacances. Maintenant, il sera possible de mettre un peu de distance mentale, sinon géographique, entre l'exploitation et ma vie "privée". J'en éprouve un grand besoin.

 

Les circonstances, et le manque de moyens financiers aussi, m'ont empêché jadis de rassembler au même endroit un outil de travail efficace et un lieu de vie agréable. Les hasards de l'existence nous donnent à présent l'occasion, à Christine et à moi, de maintenir le côté professionnel en activité dans de bonnes conditions, et d'y adjoindre une habitation offrant une qualité de vie élevée, sans luxe mais avec les petits aménagements qui font la différence. Je n'ai toujours pas l'intention de profiter un jour "de ma pension" (= la retraite), mais espère à présent disposer quelquefois de moments sereins de détente vraie.

 

Si c'est cela, "vieillir", j'accepte de vieillir un peu. 

 

 

 

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