DES TRUFFES QUI FONT UN FLOP

Roman et sa mamie devant une poivrière, le ... sel de la vie
Roman et sa mamie devant une poivrière, le ... sel de la vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lui au moins a passé une heure agréable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grand battage publicitaire sur les ondes de la radio locale dans les jours qui précèdent: la "Journée de la truffe" dans l'enceinte de la cité médiévale de Villefranche-de-Conflent. Ouverture de la vente du tubercule à 11 heures, avec plus de 5 kilos proposés et canifage de chaque produit individuellement, dixit une responsable. 

 

Depuis plus de 12 ans que je réside dans ce département, dont j'apprécie les bons côtés aussi, l'aspect prétentieux mais brouillon, arrogant mais petit bras de la plupart de ses organisations "touristiques" ne cesse de me surprendre. A part la foire au gras de Thuir, le marché et les journées de la cerise à Céret, certaines organisations colliourenques et les festivités de Banyuls, tout ou presque tourne en eau de boudin. Les prétendus "marchés de producteurs" ne rassemblent que quelques étals, et toujours la même chose: du miel, pourtant rare; des pommes hors de prix et quelconques ainsi que leur jus; quelques babioles encore. Pourtant, le marché à la truffe de Montner (petit patelin sympathique) et certaines autres attractions, comme la Fête à Trilla, montrent qu'il y a moyen de bien faire. Idem pour la présentation agricole du Racou, toujours amusante.

 

Mais le comble du flop eut lieu à Villefranche dimanche dernier. Pourtant, tout concourait à en assurer la réussite: le temps était vif mais le soleil brillait sur un air limpide et sans vent. Les Espagnols étaient là en nombre et le site lui-même est somptueux. Mais à quoi bon lobbyer pour être admis au sein du patrimoine culturel de l'humanité si c'est pour n'en tirer aucun parti intéressant ? A quoi bon invoquer Monsieur de Vauban à tout bout de champ si on laisse dormir ses fortifications?

 

La ville compte peu d'habitants et beaucoup des détenteurs de baux commerciaux intra muros n'y ont pas leur domicile. C'est un peu le scénario de Castelnou aussi. Du coup, les vieux qui élisent l'équipe municipale préfèrent le calme, le silence et l'endormissemment lent de leur village. C'est leur droit mais alors il ne faut pas leurrer les gens en les incitant à se rendre chez eux de temps à autre.

 

Arrivés sur le coup de onze heures, nous avons bien emmitouflé Roman, le petit chouchou à sa mamie, et avons arpenté les deux seules rues d'importance du bourg, ses trois petites places et ses deux espaces d'accès: rien, nada, pas une animation digne de ce nom! Certains restaurants n'étaient même pas ouverts!

 

Oh, nous avons bien vu la banderolle de la radio locale, mais pas de studio installé. Et, du coup, nous avons manqué la micro-affichette qui pendait trop discrètement au mur de la même maison d'aspect neutre: c'est ici, le marché du terroir! 

 

Un autre commerce, ouvert et accueillant, lui, qui ne participait nullement à la fête  mais vendait comme à l'accoutumée ses articles médiévaux (panoplies de chevalier, hippocras, talismans ...) nous renseigna sportivement la route à suivre. A l'entrée, mal éclairée et basse de plafond, un brave homme frit des accras de morue, typiquement catalans, et ... bonjour l'odeur de graillon. Ensuite, une salle de type "vieux cinéma de quartier" expose une dizaine (ou même moins) de tables à victuailles et un long établi où ... il n'y a plus aucune truffe à 11h40'! Même la salle de réunion du vieux parti communiste d'un coin reculé de la Moldavie occidentale n'est pas aussi sinistre. 

 

Attention, il s'agissait de la première vente organisée de l'année (sur les 5 ou 6 qui ont lieu) et je comprends que le tubercule a rencontré la ferveur de ses amateurs. Zéro problème à ce niveau et aucune amertume: compraremos otros comme dit mon estomac qui parle couramment le castillan quand il a faim. Mais je trouve qu'il faut respecter ses visiteurs: la "journée de la truffe" doit permettre à une famille moyenne de passer ne fût-ce que quelques heures de détente culturelle ou folklorique après qu'on l'eût attirée entre ses murailles. Et de dépenser quelques sous sur place, tant qu'à faire. Ici, rien: pas un bateleur dans les rues, pas une conférence mycologique, pas un repas spécial et même pas la présence d'un commerce ouvert sur deux . En clair, une seule assoc. menée par son comité sclérosé a fait sa petite popote dans un coin et puis plus.

 

Déçu? Oui! 

 

 

* Il est possible (possible) que nous ayons "loupé" quelque chose. Mais nous passons au moins 5 fois par an à Villefranche (pour montrer son architecture aux amis en visite chez nous) et connaissons bien les lieux. Nous aurions donc dû trouver, et bien mieux que des étrangers qui viennent ici pour la première fois, si les attractions avaient été correctement annoncées.

 

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