UNE - DURE - JOURNEE DE LEON CORNEILLANOVITCH

Un pressoir engageant: la Cuvée Roman en devenir
Un pressoir engageant: la Cuvée Roman en devenir

 

 

 

 

Je crois avoir vécu HIER

la journée la plus éprouvante

de ma vie ... 

 

 

 

 

 

 

 

Je parle de fatigue physique.

Il faut excepter quelques journées de ski en haute altitude (Plateau Rosa du côté de Cervinia, le départ de la Vallée Blanche au-dessus de Chamonix, le Mont Gelé de Verbier), alors que je tentais le plus souvent de suivre mon frère, skieur plus rapide et plus coulé que moi. Et bien sûr, il faut aussi  enlever les compétitions d'escrime, lorsqu'elles marchaient bien. La répétition des échauffements, l'intensité de l'effort et la tension nerveuse immense n'ont pas d'égal. 

 

Lundi, premier jour de vendanges et équipe réduite, m'a vu finir la tâche le dos en bouillie (transport des caisses vers le pick-up et au chai même) mais en bonne forme. Un petit gramme d'aspirine dès mon retour a limité les courbatures du lendemain. Hier matin, par contre, Christine m'a passé les caisses à vendange une à une, dès sept heures moins le quart, et nous avons rempli le pressoir à ras bord. Je suis ensuite allé constater quelques désastres annoncés mais à présent confirmés: pas de raisin en quantité utile à la vigne de la Loute (sur Alt de Coume Majou, on en reparlera) et guère plus au Rec d'en Fourtou. J'y vendangerai tout seul dimanche et une demi-journée me suffira. Vous savez que Christine passe par une période d'aide-soignante volontaire obligatoire, comme les cotisations à notre intersyndicale, et que malheureusement elle ne se trouve pas à mes côtés à la vigne. Quant au Roc Blanc, c'est décidé, je l'abandonne. Je me demande même si, vu son état de sécheresse, il survivra à l'hiver.

 

Ensuite, j'ai rejoint l'équipe pour aller finir la syrah ... Hélas, les sangliers ont eu la même idée que nous et cette parcelle jeune (plantée en 2002), implantée près de deux sources et qui portait beau il y a encore dix jours, sans aucune maladie, a été littéralement dévastée par les cochons. Des véritables cratères sont visibles dans de nombreuses allées et les litières de ces brutes se multiplient en bordure de vigne. Quant au grappes, pas une sur dix qui soit intacte et la perte totale se monte certainement à 80 % de ce que j'aurais dû ramasser sur cette parcelle d'1 ha 28. Je suis très dépité et ceci hypothèque grandement mes ventes de rosé sur 2017. 

 

J'ai néanmoins rejoint Corneilla sur le coup de midi et le pressoir a tourné toute l'après-midi, sur un mode de progression très lente. D'abord, je me suis occupé des blancs que j'ai pressurés jusqu'à la dernière goutte, et puis j'ai rajouté grenache et syrah en y allant moins fort, pour que la couleur ne devienne pas excessive, ni l'accroche tannique. Je veux bien faire un rosé légèrement à contre-courant des vinasses transparentes et bonbon-anglaiïsées qui sont à la mode, mais cela doit rester du rosé quand même, pas un "rouge clair" ni même un claret.

 

Durant tout ce temps - pour m'occuper - j'ai fait un (dernier?) soutirage pour préparer l'assemblage final de la cuvée de rouge 2015: il n'y en aura qu'une et je n'ai revendiqué aucune appellation. Un "Vin de France" donc. Enfin, sur le coup de 17 heures trente, j'ai entrepris de vider le pressoir. C'est peu commode chez nous car il se trouve à l'intérieur, dans un local très exigu et à front de rue en plein milieu du village. Je suis donc obligé de laisser tomber le marc (encore assez gras dans le cas du rosé) dans de grandes comportes lourdes comme un âne mort (50-60 kg), que je dois ensuite monter sur la benne du 4 x 4 pour aller les déverser à la distillerie. Cette dernière phase, ce sera pour la fin de journée de ce jour (avec un peu d'aide). 

 

Je n'ai eu ni le temps, ni la force de démonter les goulottes du pressoir hier soir et de le rincer. Heureusement, le temps est frais et il n'y a pas de mouchettes. On terminera ce jour par un démontage-nettoyage complet, en attendant la prochaine utilisation à la fin octobre (décuvage du rouge). Par contre, ma cave était propre et rincée sur le coup de 21 heures. On n'entendait plus que le ronronnement régulier du circulateur du groupe de froid, et les démarrages répétés de son compresseur.

Le cycle de ce brave monsieur Carnot veille désormais sur la température du jus en plein débourbage.

 

Tout ceci me rappelle mes premières expériences, douze vendanges en arrière. J'ai le stress en moins (connais la musique et ai acheté les produits dérivés) mais malheureusement, si j'avais 49 ans à l'époque, la soixantaine est là à présent, avec un peu moins d'enthousiasme, les angoisses commerciales en plus et une insuline qui n'est plus la mienne. C'est (très) dur.

 

J'avoue une certaine lassitude ce matin (re-aspirine hier soir)

et j'éprouve beaucoup de mal à enfiler mes chaussures.

Non, les pieds n'enflent pas plus que le col,

c'est la charnière lombo-sacrée et dorso-lombaire qui bloque un peu! 

Autant pour le romantisme et l'image bucolique de la profession:

Vous qui choisissez ceci, abandonnez tout espoir.

 

 

 

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Comments: 3
  • #1

    Denis François (Wednesday, 21 September 2016 11:24)

    Courage Luc, tu seras heureux du travail accompli.
    Deux tapes sur l'épaule...

  • #2

    thierry Charlier (Thursday, 22 September 2016 09:13)

    Je compatis !

  • #3

    Michel I (Friday, 23 September 2016 23:29)

    Saleté de sangliers, qui sont cependant connaisseurs: il semblent apprécier une syrah bien mûre autant que moi.
    A propos de tes 60, mon vieil ami, tu n'as pas encore rejoint le club. Nous fêterons ton intronisation ensemble mais pour le meilleur et pour le pire: il n'y a pas grand-chose qui change ce jour-là.
    Carpe diem,
    M