LE PLUS VITE SERA LE MIEUX

A cause de cela
A cause de cela

 

 

Je risque de perdre 

une part importante

de mon chiffre d'affaires

du trimestre qui vient.

 

 

 

 

Et pourtant, pour le moment, je suis plutôt cégétiste. Excuse-moi, José, cela ne durera pas. Vive la Conf'.

 

Voici un lien qui vous explique où j'ai "rencontré" Madame El Khomri pour la première fois: interview. Elle était déjà ministre du travail (à 37 ans et n'ayant jamais réellement travaillé elle-même). On lui a posé deux questions somme toute assez simples et relevant directement de son ministère, la première ayant même trait à une disposition importante modifiée récemment par ses services au moment de l'interview (en novembre 2015). Combien de fois peut-on renouveler un CDD (contrat à durée déterminée) pour commencer? La réponse est deux. Et ensuite un interrogatoire sur des considérations techniques quant à la défiscalisation des heures supplémentaires. Ses réponses furent affligeantes. Le journaliste, Bourdin, est un vieux briscard et il avait comme seul but de mettre en évidence le degré d'incompétence de la ministre. Il y a réussi parfaitement.

 

Voici le parcours de cette jeune femme au demeurant pas antipathique, même si son arrivée aux affaires à fait l'objet, comme d'habitude, de remarques sexistes et pleines de préjugés. Voilà son curriculum vitae, version Wiki. En gros, son père tient une boutique de reprographie et sa mère est prof. d'anglais. Ils se sont rencontrés à Rabat où la future ministre est née. Elle arrive en France à l'âge de neuf ans et passe un bac scientifique à Bordeaux, à 17 ans. Ensuite elle étudie le droit public à l'Université de Bordeaux IV et obtient un DESS de science politique à l'université de Paris I en 2001. 

 

Son stage de fin d'études se déroule au ministère délégué à la ville. Ainsi commence sa carrière politique, sans passage dans la société civile. Elle est à la mairie du 18ème arrt. après l'élection de Delanoë dans la capitale et elle rejoint le PS en 2002. Elle est élue dans cet arrondissment en 2008 et devient adjointe au maire et obtient ensuite d'autres mandats électifs dans la capitale. Elle en démissionne en 2011 pour être cette fois nommée dans toute une série de commissions ayant trait à la sécurité civile (transports de fonds, pompiers, protection de l'enfance, vidéosurveillance ...). Elle est porte-parole de Mme Hidalgo aux élections municipales de 2014 et toujours maire-adjointe dans le 18ème.

 

Et puis, on la fait secrétaire d'état à la ville en août 2014 sous Valls II, et enfin ministre du travail en septembre 2015, à charge pour elle de présenter une réforme du droit du travail, rien que cela. 

 

Le texte a d'emblée été fort critiqué et beaucoup de dispositions ont été rapidement éliminées.

 

Si vous voulez télécharger le texte intégral de ce document, voici le lien officiel.

Je ne l'ai pas fait et vous offre un résumé (voir le document de départ ICI) des dispositions majeures, dont certaines font l'objet du mécontentement actuel:

 

. la durée de travail peut aller jusqu'à 12 heures par jour (10 h auparavant)

. dans la foulée, on pourra atteindre 60 heures hebdomadaires (et non 48 h auparavant)

. les accords appelés défensifs (modification après accord des salaires ou des conditions de travail) en cas de difficultés

  pour l'entreprise deviendront offensifs, càd qu'on pourra agir de même dans le but de développer l'entreprise (nouveaux 

  marchés ou nouveaux contrats)

. partant de là, des licenciements sont envisageables en cas de refus du salarié, qui seront qualifiés d'économiques alors

  qu'auparavant ils auraient été désignés "pour motif personnel"

. abandon des 35 heures pour des PME de moins de 50 salariés et passage au "forfait jour"

. organisation dans les entreprises de référendums qui seront beaucoup moins soumis au veto des organisations syndicales

  les plus représentatives

. rémunération en très forte baisse des heures supplémentaires et importance diminuée des accords de branche

. diminution importante du seuil de difficultés à partir duquel un licenciement économique devient possible et amputation

  de la marge d'interprétation des tribunaux compétents

. diminution des indemnités obtenues aux prud'hommes

. suppression de la visite médicale d'embauche

. modification des règles sur la garantie jeune (améliorée cette fois)

. dispositions concernant le compte personnel d'activité

. généralisation du bulletin de paie électronique (qui devient la règle)

 

Il sort de mon propos d'analyser les mesures. Elles plaisent beaucoup au patronat, déplaisent au plus gros des salariés, contiennent un cadeau en forme de piège pour les jeunes (pour qu'ils la bouclent) et irritent les organisations syndicales, surtout celles dont la base est plus populaire, manuelle et moins qualifiée. Enfin, certaines sont réellement "futiles" toutes proportions gardées. Ce qui coince le plus est le fameux (devenu fameux) article 2 qui remet en question les rapports entre les accords de branche (soutenus par les organisations ouvrières, pour faire simple) et les accords d'entreprise.

 

Résultat: la CGT et aussi FO (et quelques autres) ont mis sur pied une stratégie qui vise à bloquer, avec peu de moyens, sans trop de casse et avec un minimum de violence, l'approvisionement en carburant du pays et ensuite les déplacements en général (barrages routiers et transports en commun). Ceci va rapidement gêner considérablement l'activité économique de tout le pays, mettant la pression sur le gouvernement. Il suffirait qu'il cède pour que tout rentre dans l'ordre en quelques jours, peut-être même quelques heures. Malheureusement, le travail de millions "d'honnêtes gens" va subir un préjudice énorme. Des faillites d'entreprise à faible niveau de liquidité, ou à besoin en fonds de roulement élevé (ce qui revient au même) sont à craindre.

 

Egoïstement, c'est une petite catastrophe pour moi. Christine a déjà été obligée de postposer toute une série de dégustations (à cause des attentats et puis du mauvais temps) dans toutes nos clientèles saisonnières. Or, ce sont ces dégustations qui conditionnent les achats des mois qui viennent chez nos clients de la restauration, ainsi que l'obtention de nouveaux clients pour remplacer les défections (inévitables) et augmenter notre chalandise. Nous avions un planning très chargé à partir de ... demain, pour rattraper le manque à gagner des trois derniers mois. Mais, d'une part nous risquons de tomber en panne de carburant (environ 1.000 km de prévus en deux journées), d'autre part les restaurateurs voient leurs établissements désespérement vides. Cela ne les encourage pas, psychologiquement, à investir dans le réapprovisionnement de leur cave et les plus corrects d'entre eux (c'est la majorité de nos clients, car Christine et moi établissons une excellente relation de travail et de confiance) se demandent aussi avec quoi payer les commandes éventuelles. En outre, le découvert d'avant-saison accepté par les banques - qui manquent à toutes leurs obligations, au moins morales - est de plus en plus réduit dans cette profession.

 

Donc, camarades syndicalistes, finissez-en vite et que ce gouvernement déguerpisse au plus vite. Son projet de loi n'est pas bon, la ministre n'est pas bonne, leur obstination est scandaleuse et n'a de visée que politicienne. Je ne suis pas trop touché par la loi elle-même mais comprend néanmoins parfaitement le courroux des salariés. Hélas, la stratégie employée fait de moi automatiquement une victime collatérale.

 

Hollande, Valls, Macron: dégagez!

 

 

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