BISON: UN ROMAN TRES AFFUTE

Editions du Seuil (2014), collection Points
Editions du Seuil (2014), collection Points

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les romans historiques

me plaisent mais

ils me mettent 

mal à l'aise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus les faits sont "réels", plus je les apprécie. En réalité, je préfère les traités d'histoire. Mais ceux-ci sont rarement des merveilles de style. Un exemple parfait nous est offert par les biographies de Stefan Zweig. Peu importe: je vais vous parler d'un ...roman. 

 

Je n'avais pas croisé Grainville. Dame, j'avais 20 ans quand il a obtenu le Prix Goncourt (Les Flamboyants) et cette distinction à elle seule suffit à me détourner d'un auteur. Il ne s'agit pas d'un snobisme à rebours, et d'excellents livres sont primés. Mais déjà à cet âge-là, je réprouvais le battage publicitaire, surtout dans le domaine du divertissement, ou de l'art. Je reste plus que jamais convaincu que ces prix littéraires ne sont qu'un grand marchandage entre éditeurs et je tiens les jurés dans le plus grand mépris: tous des vendus. Qu'un auteur raté et de seconde zone accepte de devenir crtitique ou membre d'un jury, pour gagner sa croûte, soit. Mais qu'un bon littérateur s'y abaisse, cela me dépasse.

 

Ce Grainville-ci pourrait me donner des leçons très utiles: phrases courtes, adjectifs riches et très descriptifs, rythme soutenu, changement de ton fréquent. Il est un anti-Proust parfait. J'ai été captivé par la vivacité de son récit, qui ne raconte pas grand-chose en lui-même. Mais il place son narratif dans un contexte historique que je connaissais très mal. En fait, j'ai énormément appris durant cette lecture, et je me suis amusé. Le but est atteint, non? 

 

A certains moments, Grainville me fait penser à la merveilleuse Glaswégienne de la saga des Boadicca, Manda Scott. Cette ancienne véto devenue chamane fait elle aussi la part belle au côté non-rationnel de son récit, si étranger pour moi, mais du coup si intéressant tant qu'on n'essaie pas de me convertir. De la même manière, les évocations presque froides des scènes qui pourraient appeler un érotisme torride me plaisent chez ces deux auteurs ... notre imagination fait le reste. 

 

Serait-ce, pour coller au sujet, parce qu'ils me transforment en ... rêveur de la fesse et du cul? 

 

Un aveu qui participe sans doute de mon enchantement. Depuis que je suis installé dans le Roussillon, ma vue baisse. Rien d'anormal à ce phénomène, je suis arrivé ici à la cinquantaine, avec un début de presbytie (1,5 dioptrie à l'écran, 2,0 pour lire) alors que j'avais auparavant une vue d'aigle, n'ai jamais porté de correction et voyais bien dans le noir. Pourtant, cette vision nocturne commençait déjà à décliner un peu.

 

Et patatra, le schiste qui vole sous l'effet de la tramontane, et le traitement de mes vignes à l'atomiseur au cours des trois premières années (abandon progressif des produits phytosanitaires), m'ont occasionné conjonctivite sur conjonctivite, petits abcès des glandes de Meibomius et "irritations" en tout genre. Le soir - je lis de préférence au lit - mes séances de lecture s'écourtaient de plus en plus. Enfin, un voile s'est emparé de mon champ latéral droit (surtout), qui culminait lors de mon éveil et disparaissait (parfois) en cours de journée, pour réapparaître le soir, surtout si j'avais passé beaucoup de temps à l'ordinateur. Tout cela s'accompagne d'éblouissement important en cas de lumière vive ou de contre-jour.

 

La première visite de ma vie chez l'ophtalmologue se solda par un succès total. Le docteur Loïc Favre * - que je recommande vivement - m'a rassuré quant au fond d'oeil: ma papille est intacte et ni les flammèches du diabète, ni les croisements de Kuntz de l'hypertension artérielle ne me menacent. Bien plus, il est arrivé à réaliser une tonométrie - je déteste qu'on s'approche de ma cornée - qui livre des valeurs normales. Par contre, il confirme à la lampe à fente la présence de petites calcifications des glandes palpébrales et surtout, détecte une affection congénitale de la cornée, la dystrophie endothéliale de Fuchs, responsable en grande partie de ma symptomatologie.

 

Pour faire simple, la lame endothéliale (interne donc) de la cornée est abîmée et présente des "gouttes", tandis que le nombre de cellules stromales est diminué. Tout se passe donc comme si ma cornée se gonfle d'eau la nuit (paupières fermées) et n'arrive pas à bien "s'assécher" de jour. Une solution hypertonique en collyre ne guérit pas l'affection, mais en diminue fantastiquement bien les symptômes: le voile périphérique disparaît largement. En outre, une adaptation de la correction rend à nouveau la lecture confortable: plus d'une heure d'affilée hier! Youpie, je recommence à lire dans le plus grand confort, au lieu de m'escrimer avec iris et pupille, variant sans cesse la distance des bouqins au bout de mes bras qui s'allongent, s'allongent, s'allongent! 

 

Mes petits amours, vous allez vous farcir

mes recommandations de lecture en surnombre ...

à tour de bras, justement! 

 

 

 

*: cabinet d'optalmologie au n° 27 du bd. Clémenceau en plein centre de Perpignan.

     T°: 04.68.23.13.08

 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel de Lacave (Monday, 23 May 2016 14:57)

    Luc est incorrigible... évoquer la papille au cabinet d'ophtalmologie c'est de la pure gourmandise!

  • #2

    Luc Charlier (Monday, 23 May 2016 15:06)

    Eh oui, la pupille est bien le "trou" au centre de l'iris, et elle laisse passer plus ou moins de lumière. C'est le diaphragme de la lentille photoghraphique. La papille, par contre, est le centre de la rétine (ou presque) et correspond à l'endroit où le nerf optique pénètre dans le globe oculaire (ainsi que les vaisseaux rétiniens). il y a synonymie. On parle donc d'oedème papillaire en cas "d'inondation" de cette zone.