ALERTE A LA LOUTE 2012

Vue cavalière sur la Coume Majou (Alt de) le 23 septembre 2012
Vue cavalière sur la Coume Majou (Alt de) le 23 septembre 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

Escapade sur le contrefort des Corbières,

au-dessus de la "Coume Majou"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En septembre 2012, nous avons hébergé pendant une grosse semaine le sympathique Didier, sommelier du restaurant d'un bel hôtel logé dans le bloc du Kursaal d'Ostende.  Il est venu vendanger avec nous, et puis nous a accompagnés en mini-tournée dans le Quercy. Le dimanche 23 septembre, très maussade alors que l'année avait été la plus sèche depuis plus de 50 ans dans l'Agly, nous avons grimpé la falaise calcaire, dernier pseudopode des Corbières en fait, qui surplombe le lieu-dit

"Alt de Coume Majou" et sépare le finage d'Estagel de celui de Calce.

 

Repérons-nous: tout au centre, la tache verte (cliquez sur l'image) est notre vieille Partner, acquise en 2001 en remplacement des véhicules que j'avais à ma disposition en Belgique: une petite décapotable de fantaisie et un bon vieux break que je prêtais quelquefois à notre chèvrière préférée, qui n'exerçait pas encore cette profession et habitait du même côté de BXL que moi. Hélas, comme elle devait venir me cueillir à l'aéroport après une absence de ma part - car elle jouait parfois au chauffeur, aimable mais à la vue très défaillante - elle avait garé le break en face de mon domicile et ... un ivrogne total a manqué la courbe de la chaussée, à vive allure, et est venu pulvériser le break, heureusement vide d'occupants. Inutile de vous dire que le petit cabriolet, agréable mais peu pratique, fut revendu illico presto et que la fringante (à cette époque) fourgonette devint mon "parc automobile" en solo.

 

A sa droite sur la photo, et au-delà, marqué d'orangé, c'est la syrah de notre domaine, qui élabora mon rosé et fut donc vendangée en premier. Les feuilles ont déjà commencé à virer de couleur. A sa gauche, sous le promontoire rocheux d'en face, c'est "la vigne de la Loute", notre carignan planté en 1922. Ses feuilles commencent à roussir également, une petite semaine après sa vendange.

 

Quant à ce fameux rocher d'en face, c'est derrière lui que les carrières Valls, un des "puissants" du département, ont obtenu la permission, contre toute légitimité, de la précédente mairesse d'Estagel, d'extraire 200.000 tonnes de dolomies par an pendant 20 ans, en zone Natura 2000!  Quel beau pot-de-vin ça a dû faire.  Ainsi va le clientélisme "à la française" dans notre département. Bien sûr, le site d'extraction s'arrête à la crête, à 600 m de mes vignes, même si on aperçoit de temps à autre la silhouette d'un bulldozer. Ces derniers mois, les excavations filent vers l'autre côté. Pour être franc, je ne risque pas de recevoir de la caillasse sur la tête lors des tirs de dynamite, mais je suis certain que les oiseaux de la zone sont perturbés et donc forcément l'infestation par les insectes. Je pense aussi que le régime des eaux d'infiltration doit en être influencé. Enfin, cela génère certainement un taux de poussière en suspension dans l'air important. Je n'ai pas étudié l'impact sur les libellules à tête chercheuse qui y lézardent au gré des vents ni sur les lézards amblyopes qui y pulullent au soleil d'août.

 

Bref, ma Loute mène une existence dangereuse. En 2014, comme si cela ne suffisait pas, j'ai subi l'unique attaque de mildiou observée en 10 ans de présence et ... il n'y a pas eu de récolte.

 

Mais revenons au millésime 2012. Cette cuvée contient bien sûr tout le jus de cette parcelle, mais aussi un peu du joli carignan (1950) du Rec d'en Cruels, un peu plus haut sur la route qui mène au col de la Dona, et un rien de celui du Roc Blanc, plus jeune (1987) mais exquis. Il n'y en a eu que 800 bt environ, dont la moitié a déjà été vendue, insensiblement, comme par une transpiration qui serait passée inaperçue. Je m'en suis rendu compte en mettant mes documents analytiques en ordre.

 

Je commence donc à la "rationner" sévèrement, d'autant qu'elle s'avère d'un niveau qualitatif très voisin du 2011.

Pour les inconditionnels de ce cru, il va falloir se grouiller si on en veut! 

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel Smith (Sunday, 22 May 2016 09:13)

    Une pub comme je les aime ! Avec une histoire, un peu de géographie et de géologie et un rien de sensiblerie... Oui, un tel Carignan est une rareté qu'il faut saisir ! Manque plus que le prix départ cave...

  • #2

    Luc Charlier (Sunday, 22 May 2016 15:24)

    Non, pas de prix. Ce blog-ci est perso. J'y écris des billets sur un peu tous les sujets et il est normal qu'un vigneron passionné parle de sa production. En outre, la Loute n'a pas besoin de pub, elle disparaît toute seule de mes fonds de loge. Par contre, nous remettons - trop lentement - en service "la cave de Christine", un site commercial référencé comme tel. (www.lacavedechristine.com ) .