HOMMAGE A L'ANJOU, ODE A UNE AMIE

Savennières 1989 "Cuvée Spéciale" et "Chèvrerie des Chênes"
Savennières 1989 "Cuvée Spéciale" et "Chèvrerie des Chênes"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous dit "Russell",

vous avez dit: "Bizard" ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Touraine, beaucoup plus que l'Anjou, a chargé de ces jours-ci. Je suis heureux de l'élan de compassion que cela a déclenché dans le microcosme du vin et sur les médias branchouillards. J'espère que cela va se traduire par de la solidarité vraie: l'acte d'acheter au vrai prix les vins de Touraine, en bouteille, et non dans les linéaires liés à l'industrie agro-alimentaire ou en bib. Là, comme cela, vous aiderez mes collègues en pétard. Buvez du Bourgueil, du Chinon, du Vouvray, du Montlouis, du "sauvignon de Touraine" et quelques autres encore et allez l'acheter chez un vrai caviste ou en direct auprès de la propriété. 

 

Je sais - merci les prompts à dégainer - que mon Savennières n'est pas un vin de Touraine. Mais il se fait que deux excellentissimes jeunes sommeliers, Baptiste à Carcassonne et Nathanaël à Pujaudran, des "loutophiles convaincus"*, ont échangé avec moi quelques lignes et quelques étiquettes concernant cette appellation. Cela a rappelé M. Bizard à mon bon souvenir. Mes petits camarades des "Amis du Vin" et moi lui commandions du vin chaque année et nous lui avons rendu visite (en 1993 ou 1994) alors que nous plaisancions sur la Mayenne et la Sarthe. Not seen ever since. Je possède encore des photos de ma smala sur les barriques logées dans une vieille église rachetée aux curetons au XIXème siècle. Je ne sais pas si elle sert encore de chai. 

 

Le domaine occupe la partie schisteuse de ce bord de Loire et produit (une dizaine d'hectares je crois) de splendides blancs de garde, quelques moelleux aussi, et un Clos de la Cerisaie qui fait honneur au cabernet par son fruité et sa légèreté. Le 1990 était phénoménal.

 

Cette fois, Alison et sa petite tribu (une "assistante", Sandrine, et le soutien moral d'une brasseuse, masseuse, soigneuse d'âme, Nelly) ont fait très fort d'emblée avec leur troupeau de biquettes new-look: dès les premières semaines de lactation, le fromage est "une tuerie". C'est comme cela qu'on dit maintenant quand un mets est délicieux. Ma photo ne vous montre que sa bûche cendrée, genre Ste Maure de Touraine mais en moins salé (et sans la paille longitudinale), un petit demi-sec au goût déjà très affirmé, sur l'acidité et pas du tout sur l'ammoniacal (tant mieux), et ses "genre cabécou" en plus crémeux, extrêmement lactiques au goût. J'ai avalé en une fois l'espèce de "pérail" qu'elle élabore sur base de la recette des camemberts: coulant, suave, puissant, équilibré: un enfer après la tuerie tant il est bon. Alison, ma vieille (45 ans bientôt, la belle), on en mangerait! 

 

Et le vin à Bizard? Il s'agit de la Cuvée Spéciale, souvent vendangée sur une parcelle dans le quartier de la Coulée, issue du grand millésime 1989. Bon, à l'époque, le SO2 était largement du voyage. Cela a facilité la garde mais Christine a eu un peu de mal -surtout au petit matin. Son "j'ai mal de tête" n'avait pas comme but d'échapper à mes assiduités (pas cette fois-ci). Monsieur paracétamol a réglé tout cela, comme d'hab. A l'ouverture - vous avez vu la robe, ma-gni-fi-que - le nez avait un pointe d'acidité volatile et comme une touche de champignon qu'on rencontre souvent sur le Montlouis, par exemple. Je suis convaincu que c'est un peu d'esters d'acide malique mais je ne peux pas le prouver. Au bout de 10 minutes - c'est généralement volatile, un ester - tout ceci est rentré dans l'ordre et il ne restait que du miel, du citron, du pamplemousse et de l'eucalyptus, un beau chenin tertiaire, quoi. La bouche est sèche, comme une chemise d'archiduchesse, mais pas amère ni raide. Un vrai régal en accompagnement du fromage de notre chèvrière chérie.

 

Un chenin évolué, pas "vieux" au bout de 27 ans et splendidement vinifié,

et du chèvre jeune, mais de caractère, très bien "chèvrifié" aussi,

voilà tout ce qu'il faut pour mettre le coeur en joie.

Je me sens comme un jeune bouc.

 

 

*: Le clan des "loutophiles" s'élargit. Vous trouverez bientôt la Loute 2012 chez Christophe Leberre, au "Repaire du Sommelier"

     derrière le Vismet.

 

 

 

 

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