REFLEXIONS EN VRAC

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Manque de critères

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une enfant entre un an et deux ans se balance de gauche à droite avant de s'endormir, parfois une heure durant, en psalmodiant un refrain inintelligible. La puéricultrice du prégardiennat conseille de pratiquer des tests psychologiques,

car "elle pourrait bien être autiste".

 

Actuellement, cette enfant s'est transformée en une très belle jeune femme assertive, extravertie, assez sûre d'elle, peu à l'aise dans l'effort scolaire (litote), parfaitement adaptée à la vie professionnelle (dans la restauration) et douée pour le contact social. Je n'ai pas dit "manipulatrice" mais n'en pense pas moins. J'oubliais: c'est ma fille adorée.

 

J'ai rencontré mon autre exemple au début des "humanités", la période scolaire belge qui va du collège à la terminale en France.

Il est très intelligent, doué pour la mathématique, très maladroit dans les sports de ballon et ne pratique d'ailleurs comme activités physiques que celles imposées à l'école, en dehors de la marche (de loisir, en dilettante). Il joue aux cartes (whist) et aux échecs, sans y briller. Il possède un humour pince-sans-rire développé , est très réservé, effacé même. On lui connaît peu de copains, mais aucun ennemi. Il s'habille de manière très conventionnelle, comme un petit vieux. Il est fils unique et ses parents travaillent tous deux à l'éducation nationale. Mais ... il a la passion des chemins de fer. Il connaît tous les itinéraires d'Europe occidentale, le matériel roulant et, surtout, les horaires. Sa prédilection va à la Suisse, au Bénélux et à la France. Il peut vous donner les heures d'arrivée et de départ de tous les trains, le quai correspondant (ça, c'était avant, maintenant ... l'ordinateur a tout chamboulé), les correspondances ... Bien plus, lorsque les horaires sont modifiés, il assimile les changements en quelques jours, partout. Et il s'amuse de cette particularité, d'autant qu'elle épate son entourage, moi y compris.

 

Il est devenu ingénieur commercial et a fini par diriger (directeur financier) plusieurs filiales nationales de grosses sociétés dans l'industrie pétrolière. Il a épousé une jeune femme adorable avec qui il a eu des enfants, puis ils ont divorcé. Il a rompu tout lien avec sa vie antérieure alors que plusieurs d'entre nous ont tenté de renouer le contact.

 

Voilà, je n'ai jamais rencontré, ni physiquement, ni par les récits d'un proche, un individu "autiste".

je sais de la "maladie" ce que tout être humain civilisé en sait, et même un peu plus car j'ai évolué dans le milieu médical d'une part, puis, "par alliance" (et par mésalliance), dans celui de la psychiatrie.

 

 

C'est-à-dire?

 

Depuis le début du vingtième siècle, "on" décrit des états "d'isolement", de renfermement sur soi-même qui se superposent aux manifestations psychotiques (parfois). C'est ensuite Kanner, mais aussi Asperger, qui caractériseront les quelques symptomes essentiels de cette "manifestation": sociaux d'une part, comportementaux d'autre part, à savoir des altérations dans la capacité à communiquer (par la langue et autrement) avec autrui, des difficultés dans les rapports sociaux, des comportements répétitifs ou stéréotypés. De manière essentielle, on s'aperçoit du caractère précoce de l'apparition de ces signes.

C'est au cours des années1980 que l'Occident prend conscience du continuum de la "maladie" et de sa diversité, ainsi que de son caractère invalidant.

 

Je ne suis pas qualifié pour vous en détailler ni les causes, ni la génèse. A ce que j'en lis pour le moment, on connaît au moins 1.000 gènes qui, par une mutation, pourraient être impliqués dans le caractère hérité évident de ce trouble. Il semble que tout tourne autour du système de la sérotonine et il est apparu que les interconnexions au niveau cérébral se passent différemment. Non seulement la transmission synaptique est modifiée, mais même la structure des neurones et leur taille (nombre de dendrites) est différente. Notons quand même que des"vrais" jumeaux (homozygotes), élevés ensemble dans le même environnement, peuvent finalement ne pas manifester du tout le même comportement.

 

Les facteurs environnementaux in utero et du post-partum sont multiples: toxiques chez la mère (alcool, anti-épileptiques, anti-dépresseurs, carence vitaminique, pesticides ...), mauvaise oxygénation du foetus ou du jeune enfant, prématurité, diabète gravidique ... 

 

Enfin, de nombreuses autres pistes ont été ouvertes, notamment pour obtenir des dédommagements financiers auprès des firmes pharmaceutiques (!). 

 

Vous voulez mon avis?

Comme dans la majorité des "maladies" de la sphère psychiatrique, tant qu'on n'a pas reconnu UNE cause, ou bien un petit nombre de causes évidentes, et hautement sélectives et prédictives, tout le monde "pédale dans la purée". L'avènement de "l'opinion publique de monsieur tout le monde ", par le net, au rang de vérité absolue, qui est un bien pour la liberté d'expression, a crispé le phénomène. On l'a observé pour les enfants "hyperactifs" - simplement des petits chouchoux gâtés et mal élevés pour la plupart, mais pas tous. On l'observe pour le "syndrôme de fatigue chronique", la soi-disant encéphalomyélite myalgique - une occasion en or pour un certain nombre de "spécialistes" de se mettre en avant. Ou encore pour la "spasmophilie" - qui n'existe pas etc ... 

 

Le pire, c'est que l'individu qui présente ces symptomes en souffre réellement, lui. Souvent, c'est la société autour de lui qui s'avère incapable de faire face, le rejette et le propulse, de fait, vers le handicap.

 

Dans le cas de l'autisme (ou du spectre autistique), on atteint la caricature. Il est rarissime de voir des comportements agressifs dans le chef des sujets eux-même, ou alors dans des situations telles que tout le monde aurait réagi comme eux, à force de se faire rejeter, ou railler. Et pourtant, peu d'entre eux sont scolarisés normalement. 

 

Une"journée de l'autisme", comme le 2 avril, c'est bien.

Mais un questionnement réel au sein de la population,

et, plus encore, des ministères chargés de la santé et de l'enseignement,

ce serait mieux.

 

 

 

 

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