TABLEAUX D'UNE PROCESSION

Une des nombreuses congrégations, choisie ... au hasard (?)
Une des nombreuses congrégations, choisie ... au hasard (?)

 

 

 

 

 

Celle-ci était

la six centième

édition de la

procession de 

la Sanch.

 

 

 

 

 

 

 

Et quand même la douzième depuis que j'ai émigré vers l'ancien royaume de France, "la meilleure fille de l'église". Je n'y avais jamais assisté. Il a donc fallu la venue de mon ami Marc pour que je décidasse de la lui aller montrer.

 

Mon premier billet sera païen, celui-ci. Des voix s'élèvent pour supprimer cette manifestation, mais je ne figure pas parmi elles. Cette procession - il n'en resterait apparemment que trois en France, contre des dizaines en Belgique - revêt un caractère de profonde religiosité pour certains, possède un aspect folklorique et traditionnel incontestable, entraîne des conséquences touristiques et des retombées économiques palpables et ne présente que très peu de tracas pour la vie normale du quartier durant la petite demi-journée pendant laquelle elle se tient.

 

Personnellement, je suis très détaché du sacré mais peux comprendre l'émotion profonde et palpable de certains pèlerins. Je suis moins convaincu de la sincérité de certaines pleureuses, des élégantes de "la haute catho" défilant comme à la parade dans leurs bottillons Chanel noirs, des petits curetons imberbes en soutane récitant des psaumes les yeux baissés vers l'enfer. Je suis un peu irrité de voir de très jeunes enfants embrigadés et déguisés en pantins d'un autre âge, ou des adolescentes de bonnes familles qui s'emmerdent à deux cents à l'heure. Quant aux ados prépubères, ils défilent sans doute pour plaire aux protégés de Mgr Barbarin qui "prie pour leur salut", faute de mieux. 

 

Pour les autres, je les ai sentis dignes et je comprends même leur engouement, raisonnable et très intime. J'ai beaucoup de respect pour ce côté-là.

 

Enfin, les forces de l'ordre, omniprésentes, sont restées très discrètes et à leur place. Je pense qu'elles contribuent à la bonne 

marche de toute cette organisation. Par contre, leur déguisement, tout professionnel qu'il soit, détonne un peu sur le caractère médiéval du reste. Mais s'il peut empêcher une détonation ... 

 

Il est des visages "normaux" dans cette galerie de portraits. Il en est de véritables hystériques, du genre "grenouille de bénitier". Il en est aussi, impassibles et distants, blêmes, de psychotiques profondes, mystiques de la première heure, tout droit sorties de leur section fermée pour prendre l'air pendant le défilé. Et il en est d'incroyables, des "gueules cassées". J'irai visiter l'exposition consacrée à Jeroen Bosch dans la ville nord-brabançonne de Den Bosch, le 19 avril prochain, en compagnie de mon frère Thierry et de Marc. Au moment où je m'apprêtais à lui confier la similitude observée entre ces pénitents catalans et les faciès couchés sur le bois par le peintre d'origine aixoise, il m'affirma que la même réflexion lui brûlait les lèvres! 

 

Au total, je suis revenu comblé par ce spectacle. Il pose quelques questions sur la santé mentale des plus extrêmes dévots mais me semble témoigner d'une foi encore très primitive chez certains de nos contemporains, directe, finalement attachante.

 

Que dure la Sanch ! 

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    thierry charlier (Saturday, 26 March 2016 17:49)

    une foi !

  • #2

    Luc Charlier (Saturday, 26 March 2016 19:38)

    Merci Thierry. J'ai écrit 6 billets aujourd'hui, avec une grande application. Que cette coquille soit "passée au travers" est sans doute une "Fehlleistung". Hier, avec Marc, nous évoquions les 4 orthographes de ce mot: la foi, la fois, le foie et la ville de Foix. Et aussi: la voix, la voie, je vois et il voit. Parfois ... on écrit aussi Sainte-Foy-la-Grande.