La parcelle de terre cadastrée C 1788
appartient à la commune d'Estagel.
Le dénommé Berga la reçut
en vacant communal à usage agricole et
y fit planter la vigne en 1987.
En 1996, le bail fut transféré à ...
José Valéro, mon collaborateur.
Un bail rural avec la commune d'Estagel
me l'a confiée à partir de la campagne 2005.
Et c'est là que tout a commencé. Il s'agit d'une longue lande, en pleine tramontane, qui ondule sur plusieurs centaines de mètres, face à Montner et sous le cagnard. Le sol ressemble en tout point à ce qu'on voit dans le Cima Corgo ou à Collioure ou Banyuls: des marnes très chisteuses sur un socle de schiste très dur et quasiment pas de sol organique pour couvrir les gros blocs de roche-mère. Pourtant, non loin de là, l'éminence calcaire qui constitue le sommet du "Roc Blanc" et donne son nom à tout le périmètre trône comme un vieil homme solitaire au dos courbé.
En 2005, premier millésime du domaine, le carignan (1 ha) fut sauvagement atteint d'oïdium, alors que la moitié plantée en grenache (et lladoner pelut) s'en est mieux tirée. La vendange, triée à la vigne et puis sur tapis à la cave, me donna l'essentiel de la Cuvée Majou 2005, un vin puissant, sauvage et méridional. Il n'en reste que quelques cartons que je vends avec parcimonie.
En effet, les grenaches maurynates ont constitué la Cuvée Miquelet 2005, mise en bouteille avec beaucoup de retard.
En 2006, nous avons bien maîtrisé les attaques cryptogamiques et ces raisins ont constitué la base "sauvage" de la Cuvée Majou 2006, en complément de ma vendange sur Saint-Paul (à Couloms), plus fruitée et "domestiquée".
L'année suivante, c'est à nouveau la Cuvée Majou 2007 qui a bénéficié de ces beaux raisins, en parallèle avec ceux du Clots d'en Couloms. Je suis très satisfait de cet assemblage, avec lequel nous travaillons pour le moment.
En 2008 et 2009, la sécheresse grandissante ne m'a permis de récolter que très peu de raisin. Ils ont à nouveau contribué à assembler la Cuvée Majou 2008 et la Cuvée Majou 2009.
L'année 2010 s'annonçait bien jusqu'au 16 juin: deux épisodes de grêles ont fait l'aller-retour sur mes vignes de Maury et ... pas de Cuvée Majou.
En 2011, le ciel - en qui je ne crois pas - m'a gâté. Alors que d'ordinaire le manque d'eau ne me permet pas de récolter ne fût-ce que 1.000 kg de raisin par hectare de vigne là-haut, càd environ 7 hl/ha de vin au maximum, 2011 m'a donné du raisin phénoménalement mûr et un peu plus abondant. Tout le grenache et la moitié du carignan, assemblés dès la fin des fermentations, ont donné naissance à ce qui est sans doute le meilleur vin de toute l'histoire de mon domaine:
le Roc Blanc 2011. L'autre moitié du carignan participe de la Loute 2011, une totale réussite aussi.
Ensuite, 2012 a été le millésime le plus sec dans notre département depuis la deuxième guerre mondiale. Je n'ai pas récolté vingt caisses de raisin sur 2 ha de vigne! Et les derniers voisins de ce quartier d'Estagel ont fini par tout arracher, me laissant seul dans ma folie.
L'année 2013 a déploré une coulure importante du grenache sur notre secteur à cause du temps détestable à la floraison: pas de grenache au Roc Blanc, et peu de carignan.
Quant à 2014, annus horribilis, c'est le mildiou - la seule fois où il s'est manifesté sur mes parcelles - qui m'a totalement privé de raisin. J'ai préféré perdre le petit peu qui était sauvable plutôt que sortir la grosse artillerie chimique.
De guerre las, nous n'avons pas taillé cette vigne en 2015, car les inondations de fin novembre 2014 ont rendu les chemins impraticables sur la plupart de mes vignobles, même à pied, et ont fort retardé mes travaux. J'ai dû donner la préférence à des vignes moins avares en raisin pour terminer en temps utile (au mois d'avril cependant).
Cette année, nous terminons la taille pour le moment et cette année de repos semble avoir redonné un peu de vigueur à cette parcelle au sol pauvre, à l'hygrométrie insuffisante et à l'exposition au vent et au soleil très contraignante.
Tous les gens sensés me conseillent d'arrêter ...
donc nous allons faire porter un effort particulier
sur le Roc Blanc !
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