UN SOIR, UN VIN

A Chabrits ((environs verts de Mende)
A Chabrits ((environs verts de Mende)

 

 

 

 

André Delvaux était arrivé

à capter la mélancolie

du roman de Johan Daisne,

"De trein der Traagheid",

dans son film de 1968:

"Un soir, un train".

 

 

 

 

 

 

 

A Chabrits, notre soirée dédiée au vin ne fit pas sombrer les membres du Rotary Club de Mende-Lozère dans une mélancolie noire, c'est le moins que l'on puisse dire. Je vous dois un mot d'explication car vous vous demandez ce que votre Léon pouvait bien faire dans un club de services. 

 

Tout d'abord, feu mon père était un rotarien convaincu. Ensuite, le "Dila" de ce blog, notre ami néphrologue de Marvejols, détenteur de papiers d'identité belges et de nombreux diplômes à l'UCL mais néanmoins sujet dissident du Sultan Erdogan, m'y avait invité. Ensuite, le lieu des agapes, le restaurant "La Safranière" à Chabrits, couronnait ma motivation.

 

On m'a tendu un piège. J'étais supposé donner une causerie sur le vin, à mon entière discrétion mais des gens influents (!), proches de la présidence, souhaitaient que le thème fût en fait: "Comment se constitue-t-on une cave à vin"? Eh hop, la peau de banane. A moi maintenant de me débrouiller pour me dépêtrer de cette situation périlleuse, "klusjes klaren" en quelque sorte.

 

Oh, je vous rassure, je ne me suis pas contenté de proposer une liste. Après avoir expliqué BÊTEMENT qu'un bon exposé devait rester concis et durer 30 à 40 min au maximum - ce à quoi je me suis tenu avec application durant toute ma carrière académique et ensuite pharmaceutique - "on" m'a embarqué dans une causerie qui a sans doute pris une bonne heure et quart. Cochon qui s'en dédit! Il faut dire que les questions venant de l'auditoire n'ont pas manqué et que je me suis efforçé d'y répondre avec exactitude. Je ne suis pas certain d'avoir convaincu toute le monde mais par contre, volens nolens, je suis persuadé d'avoir fourni un peu de "food for thoughts" à de nombreux participants. Dame, oser s'attaquer aux vaches sacrées du vignoble français, c'est un peu sacrilège! 

 

Cerise sur le chapeau (de la cuve), on m'a laissé présenter brièvement le Domaine de la Coume Majou, une manière de me remercier pour les 700 km parcourus aller-retour. Et là, j'ai respecté les 10 minutes imparties. 

 

Mais la vraie récompense fut d'associer quelques cuvées - dont j'ai modifié l'ordre logique pour coller au menu - avec le repas préparé par le chef, Sébastien. En sa compagnie, ainsi que celle de Cécile, qui tient la salle et gère la cave, nous avions déjà pu déguster une partie de notre production, il y a quatre ou cinq ans. La Safranière fait en effet partie des "Demeures de Lozère", une association de très belles tables (nous y comptons plusieurs clients) au sein de laquelle le vin prend une place respectable, sous la férule, notamment, de Pierrette Agulhon, une sommelière très écoutée par son entourage. 

 

Voys savez que je ne joue PAS au critique gastronomique, n'ayant pas leur prétention. Mais il m'est permis de voir si un vin

"va bien" avec un plat. Nous avons attaqué par un tartare de canard, très relevé en goût, et une tranche de foie gras moelleux, avec son chutney. La puissance et le gras de la Cuvée Majou 2007 ont dit "bingo" et ont raflé la mise. Ensuite, clin d'oeil au Brusselêr sans doute, Sébastien a revisité le "bloempanch mè' stoump". D'un boudin noir magistral, il a fait comme une timbale bien ronde, surmontée de sa compotée de pommes et flanquée d'une purée de pommes de terre. Nous avons essayé la Cuvée du Casot 2006, mon vin le plus puissant. Dans ce millésime bien à boire, ses tannins fondus ont emporté le banco face au gras du boudin. Il ne faut pas croire que le croupier n'avait plus de cartes: la Cuvée Miquelet 2011, sur le fruité et l'opulence de son grenache, s'est associée au Saint-Nectaire fermier, à point mais encore ferme. Sagement, on s'est abstenu de nous proposer un Bleu des Causses ou un Roquefort. Enfin, jouant sur son fruité et l'éclat de la syrah qui participe de l'assemblage, c'est l'Eglise de Coume Majou 2008 que Cécile a servie avec le dessert, une crême brûlée à l'orange et au poivre de Szechouan. On a passé les bouteilles, rien n'a manqué et pas d'impair.

 

Je pense que l'heure tardive de notre départ ne doit pas être imputée entièrement à mon dépassement d'horaire: les convives se sont régalés avec les plats et on a violé plusieurs fois le ministre Evin. Bien fait pour sa pomme.

 

Un grand merci à Dilaver et à ses amis,

et bravo à Sébastien et à Cécile de nous avoir

fait passer un moment de convivialité rare.

 

 

 

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Comments: 1
  • #1

    Marc (Thursday, 10 March 2016 21:56)

    E purtroppo si muove... félicitations Luc, nous avons eu l'impression d'être parmi vous.