ET SI ON FAISAIT LE POINT SUR LA LOUTE ?

Les deux dernières "Loute" en date
Les deux dernières "Loute" en date

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le seul vin

de notre domaine

où les raisins 

ont totalement

effacé ma 

propre influence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grâce à quelques sommeliers, grâce à Vincent Pousson et à Michel Smith qui en ont parlé, le millésime 2011 de la cuvée

"La Loute de Coume Majou" a commencé à susciter de l'intérêt. Honnêtement, je crois que c'est grâce aux sensationnels carignans des coteaux d'Estagel aussi. Moi, j'ai vendangé du pur bonheur en grappes, et puis j'ai maintenu l'hygiène de la cave à un niveau convenable. C'est tout. Ben oui, j'ai appris à être très propre, dans une vie précédente.

 

Un caviste parisien, en face de chez qui on a enterré Michel Delpech aujourd'hui, (voir ICI) en a quelques bouteilles à la vente. Et heureusement, quelques très bons restaurants du sud de la France aussi, des clients de Christine. J'ai bloqué quelques dizaines de cartons au domaine ... et puis plus.

 

Nous sommes passés à 2012 et 2013.

 

Vous connaissez l'histoire de "la Loute". J'ai acquis la parcelle, avec ses voisines, à deux vénérables viticulteurs (78 et 80 ans) en 2005 et cette vendange-là a été atteinte à 100 % par l'oïdium, au point que je ne l'ai pas ramassée. Je l'ai "abandonnée" à quelqu'un qui en a fait ce qu'il a voulu, car il vaut mieux ne pas laisser les raisins sur pied, pour la vigne. Vous avez entendu la chanson de Georges Brassens "... d'un homme heureux, c'était loin d'être la chemise" et je vous confesse que cela s'appliquait ici aussi.

 

En 2006, fort de l'expérience de l'année précédente, j'ai prodigué les soins nécessaires et ai rentré une vendange magnifique sur ma parcelle située à "Alt de Coume Majou" et surnommée depuis lors "la vigne de la Loute". Après la vinification, le résultat était tellement enthousiasmant que je l'ai entièrement assemblée à mon meilleur grenache: c'est devenu "La Cuvée du Casot 2006". Elle figure dans la sélection du Guide hachette 2009. J'étais content de cette évolution.

 

L'année d'après, même constat, à l'identique: ce carignan est magnifique. J'ai gardé une moitié de la récolte pour la Cuvée du Casot 2007 et l'autre moitié est devenue "La Loute de Coume Majou", un pur carignan. Renseignements pris, car je ne m'en étais pas enquis, il s'agit d'une vigne plantée en 1922 et pourtant quasiment sans manquant. Mais son rendement est forcément réduit (moins de 10 hl/ha). 

 

En 2012, la cuvée se compose de cette parcelle bien sûr, qui en constitue la base, mais aussi d'une partie du jus d'un joli carignan situé de l'autre côté de la route qui mène au col de la Dona, au lieu-dit "Rec d'en Fourtou". Cette vigne date de 1977. Je la vinifie "du bout des doigts ... de pied". On encuve une vendange très mûre, éraflée et légèrement écrasée par le fouloir et on la laisse "infuser" pendant une bonne journée, à froid (autour de 15 degrés). Ensuite, on abandonne momentanément le contrôle de la température et on la pige au pied. Après, elle macère longtemps (plus d'un mois), mais sans trop la "secouer". Idem pour l'élevage, dans l'inox, avec la fermentation malo-lactique qui vient quand elle veut. On soutire si nécessaire - sur base de la dégustation uniquement - et ensuite on met en bouteille tôt, sans collage, sans filtration et sans aucun sulfitage. J'utilise une jolie bouteille allongée où loge un bouchon en verre de type "Vinolok". L'étiquette, légèrement floue, est un portrait photographique de ma fille, qui en avait marre de la "petite fille" réalisée au fusain en 2004, place du Tertre, que j'utilisais auparavant.

Le vin présente une couleur très dense, d'un pourpre intense, brillant. Le nez est moyennement ouvert, sur le pruneau d'Ente et les fruits noirs des bois. En bouche, la vivacité surprend pour un vin "sudiste" comme celui-ci. Mais la vraie caresse de "mademoiselle carignan" s'installe, tannins suaves, feutrés, serrés. J'adore cela. Nous n'en avons malheureusement même pas produit un millier de bouteilles.

 

En 2013, la situation est totalement différente sur cette vigne et - les grenaches ont beaucoup coulé dans le département - les sangliers, qui boudent le carignan d'ordinaire, commencent à m'en prélever pas mal. Je décide de vendanger un rien plus tôt, par peur de ces brutes, et je rentre également le Rec d'en Fourtou et le joli carignan situé sur le lieu-dit "Roc Blanc", face à Força Real, sur la hauteur des marnes schisteuses d'Estagel. La vinification ne diffère guère mais nous cuvons un peu moins longtemps. La mise se fait dans les mêmes conditions, toujours sans sulfite, mais avec un petit degré d'alcool en moins. Malheureusement, la quantité est encore un peu plus réduite. L'étiquette est un cliché contemporain de la cuvée, sorte de photo de classe en fait, surtout pour ma fille qui était déjà en ... lutte avec l'enseignement, justement. 

Le vin étale son pourpre éclatant et des notes de baies des bois très fraîches, avec un je-ne-sais-quoi de lactique. En bouche, encore plus de vivacité que le précédent, un peu moins de volume aussi (le degré alcoolométrique plus réduit ) mais un caractère gourmand et immédiat. La finale est très veloutée, déjà sans aspérité.

 

La nature a été très généreuse avec moi sur ces deux bouteilles.

Il faut boire le 2013 avant le 2012, à mon avis.

 

 

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