GEWURZ DU HEIMBOURG 

Gewurztraminer du lieu-dit "Heimbourg", 1991
Gewurztraminer du lieu-dit "Heimbourg", 1991

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est en pensant

- très fort -

à ma fille dont

c'est le millésime,

que j'ai ouvert

ce flacon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La veille , un fait-tout de canette à l'orange était demeuré à moitié rempli sur la table, la discussion ayant un peu échauffé les esprits. Normalement, ce palmipède disparaît en deux temps trois mouvements.

 

Je me retrouvais donc avec les deux cuissots et une carcasse grossièrement nettoyée, ainsi "qu'un bon peu" de sauce à l'orange.

 

J'en profite pour y aller de ma petite digression formatrice, éducative. En Europe, on utilise principlement du canard colvert et du canard de barbarie - deux espèces distinctes (A. platyrhynchos et moschata respectivement) - comme races de basse-cour, ou leur hybride, le mulard. Mais on chasse aussi d'autres animaux proches, comme la sarcelle par exemple.

 

Quoiqu'il en soit, j'ai mixé mon jus et l'ai passé au chinois, ai ajouté un peu d'épices extrême-orientalisantes (curcuma, cardamome, safran, pili-pili ... des trucs inorthographiables sans l'aide du dico) et j'ai fait réchauffer les restants de chair

là-dedans, les cuisses en sus. Accompagnement: du riz lon grain, curcumisé. Il paraît que cela fait du bien aux articulations.

C'est la raison pour laquelle les yogi indiens sont si souples. 

 

Par contre, qu'est-ce qu'on boit avec cela, outre un maximum d'eau gazeuse ?

 

When in doubt, think of something good for your gout! Et du gewurz ce sera.

 

Normalement, 1991 est bien trop vieux pour ce cépage, d'autant que l'année n'a pas laissé un souvenir hors du commun, sauf pour les filles de race caucasienne (ou presque), qui furent exceptionnellement douces, belles et d'une piété filiale rare.

 

Le Heimbourg est un presque monopole de la famille Humbrecht. J'ai eu la chance de bien connaître Léonard, ainsi que Ginette son épouse, née Zind, de Wintzenheim, avant le déménagement vers la nouvelle cave, et puis aussi Olivier et sa femme à lui, Margaret. Ce dernier a même accepté, en 1995, par là, de venir présenter un exposé dans le cadre de mon cours au CERIA. Malheureusement, ma nouvelle activité et les distances (relatives) que j'ai prises avec les préceptes de Steiner nous ont peu mis en contact depuis 15 ans. Ma cave comprend cependant encore des très belles bouteilles de leur gamme, acquises à cette période reculée. Et du "gros trait" ... ardennais laboure une partie de leurs coteaux à présent: très bien! 

 

Cette parcelle, un lieu-dit de 7 ha dont la famille en possède 4, a été remaniée entre 1983 et 1997. Il s'agit d'argilo-calcaires en situation voisine du GC Brand (granite et quartz avec un peu d'argilisation pour celui-là), mais séparés par une fracture bien visible. Le gewurztraminer y occupe un ha et il m'a presque constamment plu. Ce sol ni trop chaud, ni trop précoce et la "manière" d'Olivier et de son père y donnent naissance à un vin charpenté, d'acidité suffisante (rare pour le gewurz) et qui ne pèche pas par des arômes exotiques écoeurants. J'adore le gewurztraminer, mais pas l'extrait de litchi ou de goyave. Feu madame Faller-mère disait que ce devait être un "vin de mouchoir": jolie métaphore. 

 

Ce flacon-ci (bouchon noir mais en bon état de compacité et selon moi tellement fossilisé qu'il ne permet aucun échange gazeux) présente la belle robe orange clair que vous apercevez, un nez très terpénique (encaustique, eucalyptus, menthol) et surtout une bouche bien pleine, à la finale vive (= acide) et légèrement tannique. Impossible de le lamper à grosses gorgées, mais ce n'est pas le but. 

 

A ta santé, Virginie, et à celle de toutes les femmes forcément belles nées en 1991.

 

 

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