βδέλυγμα: OU L'ON PARLE D'UNE ANCIENNE MINISTRE

E.  Delacroix, 1822
E. Delacroix, 1822

 

 

 

Un jugement a été rendu hier,

qui me sidère réellement.

 

 

 

 

 

 

Madame Boutin, à la biographie fournie (voir ICI), aurait déclaré dans les colonnes du magazine "Charles", je cite : "L'homosexualité est une abomination".

 

Les associations inter-LGBT, Mousse et le Refuge se sont portées parties civiles et le tribunal de Paris (17ème chambre correctionnelle) a rendu son jugement hier, le 18 décembre. L'ancienne ministre du gouvernement Fillon est condamnée à une amende de 5.000 euros pour provocation à la haine et à verser 2.000 euros à Mousse ainsi qu'au Refuge. Elle a indiqué qu'elle interjetterait appel.

 

Avant d'aller plus loin , et afin d'éviter tout malentendu, je ne partage quasiment aucune des vues de Madame Boutin, pour ce que je sais d'elle (j'ai lu un peu avant d'écrire ce billet). Je ne soutiens aucun des mouvements auxquels elle a participé (ou fondés) et, en plus, mais c'est aussi de la discrimination, son apparence physique me déplaît pour des raisons inexplicables.

Elle incarne pour moi l'anti-être humain par excellence et tout ce que je déteste dans un catholicisme archaïque, mal compris, sectaire et - heureusement - très peu représenté dans la population française.

 

Je suis allé voir ce que représente réellement une "abomination". Dans le langage courant, c'est quelque chose qui nous dégoûte, qui nous répugne, qui nous scandalise et porte atteinte à ce que nous avons de ... sacré. Le terme s'est un peu affaibli et nous trouvons vite que quelque chose est "abominable". Moi, ce serait le goût du Coca-Cola, par exemple.

 

Mais, parmi les croyants, il faut remonter aux Grecs et à leur parler pour trouver une certaine ressemblance phonétique dans le bdélugma, sachant que bdéo signifie aussi "je pue, je suis répugnant".

 

Avant cela, chez les Egyptions et les premiers Juifs, c'est le sentiment qu'on éprouvait après avoir mangé avec des étrangers, impurs bien sûr. Les bergers nomades, incarnés par les Hyksos (héhé, les Syriens d'alors!), avaient à l'origine provoqué cette "désaffection". To'ebbah (devenu "tabou") est quelque chose d'infâme, comme une idole d'un autre peuple. De même, les shequets ou shiqquts, qui devraient nous donner les choquottes! Enfin, piggul ou pigwul, la viande impie, putride, salie ... celle du "pig", quoi! 

 

On voit que, au sein des croyances ancestrales (de Mme Boutin?), l'abomination va très loin, et est profondément ancrée dans le dégoût atavique, non raisonné, presque inscrit dans l'ADN, comme l'onanisme chez un jeune séminariste en bonne santé. 

 

Je ne vais pas m'étendre ici  sur tout ce qui est une "abomination pour l'Eglise", à commencer par la fameuse abomination de la désolation.

 

Nos sociétés occidentales comptent sans doute 10 % d'individus ayant des préférences sexuelles autres que celles de la majorité, à savoir des "homo" ou des "bi". C'est donc une minorité, mais une minorité importante, pas anecdotique. Je crois que ce sont les mêmes chiffres de prévalence pour les gauchers et les ambidextres.

 

Pendant longtemps, on a essayé de "corriger" les gauchers, en les transformant en gauchers contrariés. Et la société (= les familles aussi) fait de même avec les gays et les lesbiennes, tentant d'obtenir qu'ils refoulent leurs préférences. Cela les ... CONTRARIE beaucoup, et on le comprend.

 

Pour moi, même si certains traits de caractère me semblent associés à l'homosexualité (différents pour les deux sexes)  et que, donc, il vaut mieux le savoir pour ne pas commettre d'impair sans le vouloir - là, toutes les associations vont me tomber dessus car il paraît que ce n'est pas vrai et blablabla - je trouve que la préférence sexuelle est une particularité comme une autre chez un individu, comme sa primauté gauche-droite, ou la couleur de ses iris. Mais il faut parler fort à un sourd pour qu'il nous comprenne, et il vaut mieux ne pas faire de "fine plaisanterie" macho avec un copain légèrement effeminé ou une amie lesbienne. Ce n'est pas de la discrimination, c'est de la courtoisie et du savoir-vivre.

 

Revenons à notre Madame Boutin. Par votre formule, très forte, vous exprimez votre dégoût, votre désappobation de 10 % environ de vos compatriotes. Soit dit en passant, vos "partis" (pas vos parties!) n'ont jamais récolté plus de 1,2 % de votes, dans aucun scrutin. On en prend acte et cela ne constitue pas à mes yeux un délit. C'est votre sentiment, votre opinion, et vous avez au moins le courage de le dire. Je ne vous COMPRENDS pas et serais même intéressé à recevoir une explication.

 

Moi, je considère la pédophilie comme un crime, comme une menace sérieuse pour nos jeunes concitoyens et comme quelque chose qu'on doit réprimer et contrôler. C'est sans doute une maladie mentale et elle est peut-être sujette à une approche psychothérapeutique . Mais je suis capable de justifier cette opinion, même si ce n'est pas mon sujet du jour. Précisons pour être tout à fait clair qu'il existe peut-être quelques pédophiles parmi les homosexuels - je ne suis pas sûr qu'on dispose des chiffres - mais sans doute pas plus que dans la population générale et bien moins que chez les ecclésiastiques ayant fait voeu de célibat et de chasteté.

 

Donc, Madame Boutin  cette affirmation ne vous honore pas. Mais je vous donne le droit de l'exprimer, à mon titre personnel. Ainsi, nous pourrons mieux vous contredire et montrer à quel point cela n'a pas de sens.

 

A l'inverse, c'est le démocrate et le libertaire en moi qui s'offusque de votre comdamnation.

 

Elle constitue une atteinte à VOTRE liberté d'expression et, par extension, à celle de tous les citoyens.

Elle constitue un encouragement à tous ceux, avocats en particulier, qui saisissent la justice pour des sujets où elle n'a rien à voir ni à faire.

Elle constitue un abus de pouvoir de la chambre correctionnelle et des magistrats.

Elle vous donne une tribune et une publicité que vous recherchez et ne méritez pas. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas vous qui paierez, mais une quelconque organisation de droite bien-pensante.

Enfin, elle représente un encouragement aux associations à multiplier ce genre de plainte, pour se procurer les fonds avec lequels leurs dirigeants se font "des couilles en or", si je peux me permettre.

 

On ne peut certainement pas FAIRE tout ce qu'on veut.

Mais on peut tout dire, même des conneries, comme vous.

 

 

 

 

 

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