DESPERATELY SEARCHING GP IN ENGLAND

Crâne en forme d'oeuf à l'avant-plan
Crâne en forme d'oeuf à l'avant-plan

 

 

 

 

 

 

Bouboule en l'air /

Bouboule par terre /

Aucun docteur de l'Angleterre /

Ne peut guérir /

Bouboule par terre ...

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai piqué ce cliché à un anonyme dont je ne vous donnerai pas le nom. Je ne crois pas à la propriété intellectuelle. Et même y crussé-je, comme il s'agit de ma tronche, j'en suis ... propriétaire. Elle ne figure pas parmi celles des tronches du vin de notoriété. Comme la légion d'honneur, je m'y refuserais d'ailleurs. Mais comme il ne sert à rien de quitter la scène quand on ne vous retient pas, la question n'est pas d'actualité.

 

Bruno a fait du bon travail.

Bruno, il tient boutique à la rue Grande La Réal, en face du réduit où Christine avait fondé - hélas sans succès commercial en dépit d'un joli agencement - la "Cave de Christine". Il est le Figaro des Gitans du coin, des intégristes de la paroisse située plus haut (soutane encore en vigueur et jeunes enfants à la ... queue leu leu sur le trottoir) et puis de votre Léon.

Je lui abandonne 13 euros toutes les cinq semaines environ, shampo(o)ing compris. Par contre, il ne taille pas les peyots qui passent souvent devant sa vitrine. Il n'est pas antisémite, pourtant. Je suppose qu'un barbier travaille dans une antichambre du mikveh. Et il ne prend que 12 euros, pourboire compris. On peut lui donner 50 shekels aussi; on y gagne un peu. Mais il ne travaille pas le samedi. Et il refuse qu'on mange du saucisson dans sa salle d'attente. 

 

D'accord, cela me fait une tête en forme d'oeuf.

J'ai le cou d'un rugbyman - vu de derrière. Je ne me vois pas souvent de derrière. Je ne vois pas souvent les rugbymen de derrière non plus. Par contre, de face, je ressemble à Clooney. A Clooney qu'on aurait cloné, qu'on aurait transformé en clown. Mais je ne bois pas de Nespresso, d'ordinaire. Sorry, Yves, tu es un vrai ami et j'en bois chez toi. Mais je fais semblant que c'est un café de Colombie, typé Medellin, et que tu es mon ... parrain, en quelque sorte. J'ai alors l'esprit ailleurs, contemplant tantôt un chronographe Lange und Söhne, tantôt un coupé Miura. Chez mon ami Yves, les toilettes - impeccablement tenues - sont une source d'information sans fin pour moi. Les deux grandes frustrations capitalistes de ma vie sont de ne pas posséder une très belle montre et une voiture de sport avant de tirer ma révérence. Je vous présenterai Révérence à l'occasion: elle est bonne.

 

Donc, cette image flatteuse de mon profil, sinon de ma zone occipitale, prouve mon enthousiasme à porter la bonne parole majolienne aux visiteurs qui ont bravé les craintes entretenues par les autorités belges, et le crachin qui s'abattait sur Laeken le week-end dernier. 

 

Voilà où je voulais en venir.

Cherchant à garer le pick-up (5,80 m de long je crois) du côté du quartier de la Chapelle, il me fallut tourner pas mal en rond, avant de décider de choisir le couvert d'un parking souterrain. Il ne s'agissait pas de prudence, mais, même en taillant la zone, pas un seul emplacement suffisamment long ne s'est présenté. Vers 20 h 55' donc, en plein milieu de la rue Blaes, une artère à sens unique, avec parking des deux côtés, où beaucoup de brocanteurs et d'antiquaires prolos ont leur boutique, une berlinette de keuf a pilé net devant moi, allumant d'un seul coup girophare et sirène. Je n'avais rien fait; enfin, je le pense. Deux gamins (22-23 ans) en ont giclé, arme de poing au poing - c'est logique - mais sans gilet pare-balles, ce qui l'est moins. Ouf, ils se sont rués vers une wasserette (un pressing, en France) aux lampes encore allumées et à la vitrine entièrement taguée. Ils ont enfoncé la porte en verre à coups de tatane et ... plus rien. Heureusement pour ces deux jeunes types qu'il n'y avait pas un commando aguerri de l'autre côté de la pièce, car ils se seraient fait descendre tous les deux ... et peut-être les occupants des voitures, bloqués malgré eux derrière leur véhicule qui obstruait tout passage, tout chance de s'échapper, dans le même arrosage guerrier. Euh ... j'étais le premier derrière leur pare-choc.

 

Ils sont ressortis, rambos altiers, pleins de superbe et sous un concert de klaxon en guise de protestation: derrière moi, au moins 20 conducteurs souhaitaient que ces dignes représentants de la force publique levassent l'obstacle à la liberté de circuler que leur manoeuvre avait constitué. J'ai ouvert ma fenêtre, sans piper mot - Rambo n'aime pas qu'on le regarde dans les yeux , comme les chiens - et ai écarté les bras en signe d'impuissance, montrant leur Clio qui bloquait la rue. Ils ont rangé leur walkie-talkie, leurs pétards, ont remonté leur ceinturon en remettant le paquet en place comme Placido Domingo dans le rôle de Don José et sont repartis redresser des torts ailleurs. Ensuite, ils ont sans doute cassé la gueule à deux travelos pacifiques, emmerdé deux pochetrons inoffensifs et insulté deux gays en goguette ou des gouines militantes signant un manifeste féministe.

 

Je n'aime pas l'état d'urgence!

 

"Take a look where you're livin'

You got the Army on the street

And the RUC dog of repression

Is barking at your feet

Is this the kind of place you wanna live?

Is this were you wanna be?

Is this the only life we're gonna have?"

 

 

(Stiff Little Fingers, 1979)

 

 

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