DE PROUDHON A ROCARD

Ca, c'est Manille, pas la banlieue parisienne
Ca, c'est Manille, pas la banlieue parisienne

 


Même mes ami(e)s

me gonflent.

Au risque de me faire 

traiter de "facho"

par la frange la plus

fainéanto-bobo

d'entre eux: 

lisez-moi.

 

 

 

 

 

J'ai pas mal pratiqué Pierre-Joseph Proudhon et me retrouve dans beaucoup de ses idées, et presque toutes ses analyses. Par contre , comme avec Marx, les pistes qu'il propose en guise de solution sont intenables. Peut-être est-ce lié au siècle et demi qui nous sépare, ou au fait qu'il était issu de la classe ouvrière, et moi un fils de nantis ? Ce qui est passionnant chez cet auteur, c'est qu'il a parfaitement montré combien les contradictions sont inhérentes à la vie d'une société humaine et combien les contraires inconciliables doivent pourtant cohabiter: l'absence de hiérarchie de l'anarchisme et la nécessité d'avoir des lois strictes et bien établies, la liberté absolue du libertaire et les limites que lui impose la simple présence de l'autre, la nécessité de la propriété privée (restreinte peut-être) et pourtant sa formule "La propriété, c'est le vol" ... 

 

Il a expliqué combien le travail collectif atteint des buts bien plus ambitieux que l'activité individuelle, mais aussi que chaque contributeur à ce bien commun est floué par le "patron" (pour faire simple): l'acquisition d'une propriété passe forcément par la spoliation - à des degrés divers - d'un autre ou de plusieurs autres. Je suis proudhonien, avec des réserves.

 

Et nous avons tous été frappés, in illo tempore, par la formule - tronquée et commentée de manières diverses depuis lors - de Michel Rocard (un sage selon moi) qui affirmait en substance que : " ... la France n'a pas vocation à accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre une proportion raisonnable". On zappe presque toujours la deuxième partie, qui modifie profondément le sens du premier membre de phrase. Pourtant, j'y souscris aussi à 100 %.

Et cela vaut pour les autres pays riches .

 

Un soir des années '90, j'étais invité chez feu Roland Gohy. Un de ses vieux amis, bien avant dans les soixante-dix ans, vivait avec une jeune femme marocaine d'une trentaine d'années, jolie, habillée de manière très provocante et qui avait obtenu un diplôme de licenciée en biologie en Belgique. Il la couvait et la couvrait de cadeaux. Elle tenait un discours intelligent mais revanchard et revendicatif, ne trouvant pas d'emploi depuis plusieurs années alors qu'elle considérait ceci comme un dû. Nous avons vite pris des positions divergentes et elle s'est mise à ... pleurer quand j'ai cité Rocard.

 

Et maintenant, on se scandalise - qui est "on"? - parce qu'un collectif de quartier improvisé met à la porte des squatters d'un bien mis à la vente, parce que la presse ne montre pas assez la photo (touchante) de petits cadavres d'enfants à la dérive ou échoués sur la grève ou parce qu'on n'ouvre pas en grand nos frontières.

 

Eh bien, messieurs dames les censeurs, allez-y de vos invectives mais elles ne me toucheront que si VOUS faites un geste personnel: je ne pense pas qu'on soit en mesure d'accueillir tout le monde, ni dans le pays, ni chez soi. Et je ne pense pas qu'il faille le faire. Ce n'est pas une mesure éthiquement obligatoire, ce n'est pas une bonne stratégie politique, ce n'est socialement et économiquement pas réalisable et cela comporte en plus plein de risques sécuritaires. Vous voyez, je ne mets pas de masque: Léon le gaucho vous dit les mots, certains mots, qu'on prête aux frontistes. La différence en sont les motifs. Je ne prends pas cette position par racisme, par xénophobie, par manque de coeur. C'est le bon sens qui me la dicte.

 

Maintenant si des alternatifs absolus, qui n'ont jamais rien foutu de leur putain de vie à part profiter de la société - toute criticable soit-elle - ont une autre idée, pourvu que ce soit cette même société qui en assume le coût, libre à eux. Et à l'inverse, si des grands nantis, muliti-propriétaires, trouvent "qu'il faut faire quelque chose pour ces pauvres gens", qu'ils commencent par leur ouvrir leur villa au Cap Ferrat, à Porto Vecchio, à Rambouillet ou à Jargeau (il existe d'autres exemples ...). 

 

Voilà, il faudrait des centaines de pages pour nuancer ces propos mais le message , en abrégé, est celui-ci: "Il faut des quotas, il faut DECOURAGER l'exil et nous n'avons, individuellement, aucune obligation morale, nous , le petit peuple d'en-bas, à absorber l'exode engendré depuis 1945 (et même avant) par l'attitude des grands groupes capitalistes internationaux et leurs valets, les dirigeants "sociaux-démocrates" des pays occidentaux. Les happy-few se sont enrichis en soutenant des régimes oppresseurs, en favorisant la montée du fondamentalisme musulman, en détruisant des centaines de millions d'emplois partout dans le monde et maintenant, ils demandent en sous-main que nous tous, du prolo parfait à la fameuse classe moyenne, mettions justement cette main à la poche, pourtant déjà peu remplie, tandis qu'eux continuent à faire ripaille.

 

Poutine a raison: NIET.

 

 


 

 

Write a comment

Comments: 0