MÊME LA LOUTE A SOIF

A "Alt de Coume Majou", 

le soleil implacable et la tramontane 

qui frappe de plein fouet

font craquer le schiste

comme dans une chanson 

de Jacques Brel.

La charretière qui y mène a été tellement défoncée lors des pluies diluviennes de novembre dernier que ce sont les pompiers qui ont exigé de la municipalité sa remise en état: on ne passait même plus à pied par endroits et les gros véhicules tout-terrain des soldats du feu n'avaient plus accès à cette zone. Le passage, très amélioré, n'a été rétabli qu'au mois de février.

J'ai vécu le même scénario sur deux autres sites! C'est vous dire que ma taille a été tardive (dernier coup de cisaille le 27 avril, si je me souviens bien) et que je n'ai pa pu débrousailler tout comme je le souhaitais.

La syrah, l'unique parcelle encore en production pour ce cépage chez moi, n'a pas été désenherbée sous le rang  du tout, et elle avait été ravagée de mildiou en 2014, ne lui laissant aucune réserve. Là, les baies sont petites, savoureuses mais la quantité de jus va être dérisoire et les sangliers font la nouba. Elle sera vendangée pour mon rosé à la fin de la semaine (contingences pratiques) mais me livrera sans doute le raisin le plus cher jamais cueilli pour cette couleur. Il faudra le rentrer tôt matin et sans doute en deux jours: d'une part, une fois 11 heures, il fait très chaud et d'autre part, nous ne serons que 6 ou 7 à vendanger cette année, en tout. 

Et la Loute, sa voisine, fait grise mine. Aucune maladie et une sortie "correcte" mais les grappes sont minuscules et les feuilles commencent à sécher. Là aussi, les cochons font des dégâts. Comme d'habitude au début septembre, nous tournons autour de 12,5 ° au réfractomètre, mais les jus sont encore très verts et les peaux astringentes. Je pense que je vais devoir me forcer à attendre au mois 15 jours de plus. Mais que restera-t-il à cueillir? 

La sécheresse est épouvantable là-haut, sous les cimes des Corbières. Or vous voyez qu'ici le débroussaillage a été satisfaisant. Il y a bien trois brins de graminées par-ci, par-là mais les pieds sont bien aérés. Je n'ai par contre pas pu "esbroutigner", par manque de temps, mais cette vieille vigne me donne peu de sagattes de toute façon. Je crains que, contre ce type de manque d'eau persistant, il n'y ait pas de solution. 

Mes deux vignettes de grenache dans le bas d'Estagel, par contre, où il y a eu un tout petit peu plus d'eau, où la tramontane est mieux amortie et surtout où le sol contient de l'argile et des cailloux, ont bien tenu le coup. On fera du rosé "mixte" cette année. Il m'en faut en effet un peu plus, nous sommes déjà hors stock à 3-4 cartons près! 

J'avais du mal à "entrer en campagne" mais là, c'est parti. Demain, je remonte les goulottes dans le pressoir et vérifie par la même occasion son compresseur et le moteur d'entraînement. et on va donner un dernier petite coup de jet aux cuves qui serviront au débourbage.

Par acquis de confiance, je demanderai au groupe de froid

de me montrer à quelle vitesse il refroidit sa cuve tampon

et ... en avant la musique.