AUX SAPINS, CHEZ LE QUATRIEME MOUSQUETAIRE

Disciple de Chapel et de Vatel, Maître Olivier troque la robe pour la toque
Disciple de Chapel et de Vatel, Maître Olivier troque la robe pour la toque










Je vous l'annonçais dans 

un court billet sur mon mur, 

Virginie partage une cuisine

et le court-bouillon 

avec un protecteur bienveillant.












Notre Loute a gagné trois sous cet été en jouant à la fois serveuse en terrasse, petite main en préparation snacks et barmaid au night club d'un établissement branché de Kenoukke le Zot, côté Duinbergen. Elle reprend ses activités "normales" dans 10 jours, de concert avec une formation professionnelle en alternance, salle, cuisine et gestion hôtelière.


Oui mais voilà, travailler dans la station la plus collet monté du nord de l'Europe, c'est possible quand on est vaillante, mais s'y loger à bon compte quand papa n'est pas un membre de la jet-set, voilà une mission impossible.


Heureusement, même si aucun des protagonistes de mon récit ne touche trop au divin, et si aucun mécanisme infernal n'est intervenu, elle a pu compter, in extremis, ex abrupto et sine conditione sur un Deus ex machina.


Alexandre Dumas ne me contredira pas et moi je n'irai pas par quatre chemins: ses mousquetaires étaient bien quatre. Je vous ai déjà présenté en long et en large les trois autres.

André (aka Anatole) a souvent mis ses mains dans mes entrailles, et très profondément. Je le remercie de ces attouchements salvateurs, qui m'ont guéri d'une péritonite mal engagée à ma descente d'avion en provenance de la Corne d'Or et d'Asie Mineure. Le germe incriminé, vous ne le croirez pas, appartenait à l'espèce ... (ri)Stella spp. (un Bacteroides en fait). Trois coups de scalpel, un drain dans le Douglas et l'affaire était dans le sac, si je peux m'exprimer ainsi. La cicatrice est très jolie, discrète, un peu plus bas située que celle du Nazaréen. C'est heureux, je porte rarement un slip qui ressemble à un pagne, moi. Aucun braghettone n'a repris mes portraits en pied et je ne connais pas da Volterra. Il a aussi délicatement incisé une petite veine bien inconfortablement obstruée par un thrombus douloureux, me faisant dire: "Elle me brise le cul", comme c'était le cas pour un volume de "l'Eloge de la Folie" dans le repas de la Kermesse Héroïque.

Marc, avec qui j'ai accompli une grande partie de mes études (à un an d'intervalle), fut le compagnon de mon adolescence et de la suite. Nous avons sauté ensemble dans une fosse à purin près de Lissewege, et pas pour y confectionner l'attribut 501 ou 505 des marabouts steinériens. Nous avons aussi pêché l'anguille dans les petits ruisseaux de Zuid-Holland: quelle folle passion. Il a surtout mis la main ... à la poche aux moments où j'en avais besoin.

Eric nous a patiemment dotés, sa famille, la Wallonie et toute la Belgique, du plus beau berceau à pandas que Chinois ait jamais vu. Il nous y invite généreusement, sa famille et la mienne, chaque année. Lui qui est né en région bruxelloise et a fait ses études de droit à Louvain (la-Neuve il est vrai, c'est déjà le Brabant Wallon), lui qui est petit-fils d'émigrés polonais et lithuaniens, il a été élu il y a quelques années à la tête des entrepreneurs de Wallonie et est cette année encore le "Wallon de l'Année". Eric a donc mis ... dans le mille avec cette idée visionnaire, Pairi-Daiza.

Et maintenant, je vous présente le plus jeune des quatre - tout est relatif, il porte la belle cinquantaine - Maître Olivier.

Je dois faire ici une digression.


L'épouse du premier des mousquetaires (il fut champion de Belgique universitaire à l'épée) et la mère des trois autres nous ramenait de l'école, tous les 5 (ses trois fils, mon frère et moi) dans une petite Daf automatique, marque filiale de Volvo, qui ressemblait en tout point aux caisses à savon de Guy Ligier, un des affidés de Tonton Mitterrand. Fort myope, elle mettait la tête au-dessus du volant pour y voir clair. Et Olivier, âgé de moins de dix ans, lui enserrait alors les épaules et la poitrine en faisant: "Pouet-pouet, Maman, je t'aime". Il a toujours eu un sens de l'humour très idiosyncratique. L'humour, la finesse et la légèreté étaient aussi les caractéristiques de sa mère, hors du temps, éthérée et diaphane. Bon, elle était aussi un cordon bleu de haut vol, pour son côté terrestre.


Fin de ma digression et du petit hommage à Josette, revenons à Olivier. Comme son frère puîné, il a étudié le droit à l'UCL. Ils ont d'ailleurs toujours entretenu une émulation, parfois même un peu ombrageuse, entre eux deux, au-delà de l'attachement fraternel. Comme juriste, Olivier avait parfois des interprétations personnelles des codex, paraît-il. Je n'y connais rien. Je ne sais pas s'il a jamais plaidé comme avocat, mais il fut un temps magistrat. Cette orientation ne lui a pas trop convenu, car elle laissait trop peu de place à son originalité et à sa fantaisie. Je ne suis pas féru dans les professions légales mais j'ai compris qu'Olivier exerçait à présent des fonctions judiciaires qui correspondent justement à ses dons: il est médiateur. Je crois que c'est comme cela que ça s'appelle. Bien sûr, il ne faut pas que les parties soient lésées et une connaissance des textes s'impose, d'autant que ses avis ont in fine force de loi. Mais il faut surtout trouver le consensus, l'option qui met tout le monde d'accord. Et là, son inventivité fait merveille. Il me corrigera si je n'ai pas bien décrit ce rôle - je ne suis qu'un pauvre paysan.

Or, Olivier habite - quel heureux hasard ! - au Zoute. Il a immédiatement accepté de loger Virginie, dans des conditions de bien-être sensationnelles, et je crois qu'ils ont sympathisé. Olivier a hérité de ses parents le goût pour la fine gastronomie et de sa mère en particulier un réel talent de cuistot. Cela ne pouvait tomber mieux avec ma cuisinière en herbe! Quand il nous a reçus, un soir du début août, ma mère (la "vioque") et moi, il avait confectionné des plats créés par les plus grand chefs français (palourdes puis dorade royale) et son second "partie poisson" fut Virginie. On s'est régalés.


Je dois terminer en signalant que nous avons failli remporter le championnat de Belgique par équipe au fleuret ensemble, les frères Domb et moi, terminant finalement sur la deuxième marche (1977-78 ou bien quelque chose comme cela). 


Merci Olivier d'avoir hébergé si gentiment Virginie.



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