Je vous l'ai dit,
il me manque sans doute
l'esprit de famille
et la fibre d'un père.
Pourtant, trois enfants me sont nés, et je pense avoir fait tout ce dont je suis capable. La plus ancienne photo que j'aie retrouvée illustre ce billet. La chambre du devant de Zellik ne possède pas encore ses nouveaux doubles vitrages et le papier peint n'a pas encore été changé. Le bébé doit être Johan et, à en juger par le galbe de la blouse de Patricia, il prend encore le sein. Nous sommes à la toute fin de l'été 1984, il y a 31 ans.
Quelques années plus tard - coupons son âge en deux, environ - une psychologue qui faisait un peu le ménage de son adolescence m'a demandé d'assister à un entretien. A peine arrivé, j'ai entendu: "Johan a quelque chose à vous dire". En fait, il m'a expliqué que j'étais un copain, pas un papa.
J'étais très heureux de cette déclaration, car je n'ai moi-même jamais eu de relation de complicité avec mes parents au cours de ma jeunesse. J'ai donc toujours évité les rapports de force et l'autorité avec mes propres enfants. En fait, il m'adressait un lourd reproche, mais cela je ne l'ai compris que bien plus tard. Je pense qu'il appréciait le sport que l'on faisait ensemble, les blagues que nous partagions, le trajet quotidien vers l'école malgré mon départ de la maison, les vacances que nous organisions. Mais il lui manquait sans doute quelque chose d'autre, que je ne saurai jamais.
Loïc n'a jamais rien exprimé de semblable. Il parle peu. Mais ce sont ses comportements, ses absences (physiques) notamment, qui ont traduit la même chose.
Quant à Virginie, c'est au retour d'une de ses représentations théâtrales - il y a très peu d'années donc - qu'elle m'a fait remarquer à la suite d'une de mes réflexions: "Papa, on dit cela à une copine, pas à sa fille!". Même discours.
Je crois qu'ils savent tous les trois que je les aime, et que je suis très fier de ce qu'ils sont devenus. Mais cela ne suffit sans doute pas à être un père, apparemment.
Bon, cela dit, le copain te souhaite du fond du coeur un TRES HEUREUX ANNIVERSAIRE, Johan.
Tu nous manques un peu, mais le fait de te savoir heureux là-bas suffit.
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