SOCIETES D'AUTOROUTE ET SECURITE ROUTIERE: L'ARNAQUE A LA FRANCAISE

File derrière moi (rétroviseur) et congestion de la bretelle de sortie
File derrière moi (rétroviseur) et congestion de la bretelle de sortie




Comment les sociétés d'autoroute

vous empêchent de quitter le réseau

en cas de file et de bouchon,

voilà ce que je vais vous exposer.







Christine et moi parcourons beaucoup (trop) de kilomètres chaque année en France, en clientèle.

J'ai fait le même constat répété: on vous avertit le plus tard possible de la présence d'un bouchon accidentel significatif pour éviter que vous ne quittiez le réseau, ce qui entraînerait une perte de chiffre d'affaires significatif pour le pauvre actionnaire.


Entendons-nous bien: je suis partisan des limites de vitesse, avec une modulation possible, et de l'interdiction à la vente (et, partant, de fabrication) des véhicules très rapides. J'ai roulé presqu'exclusivement à moto jusqu'à l'âge de 25 ans et ai ensuite acquis mon premier véhicule grâce au début de mes salaires. Il s'agissait d'une petite berline allemande dopée comme un cycliste professionnel, de couleur rouge bien entendu. Je n'ai jamais eu d'accident avec elle, sauf un refus de priorité de droite avec fuite de la partie adverse, en plein quartier "allochtone" de Bruxelles, excusez-moi du cliché réac' mais il traduisait une réalité, déjà au début des années '80. Par la suite, j'ai été un conducteur de plus en plus cool. Je m'aperçois maintenant, surtout à la tombée de la nuit où je discerne moins bien les contours, que des files se forment derrière moi, sans  que j'aie le sentiment d'être réellement lent. On reparlera de ce point une autre fois.


Or donc, la portion de l'autoroute A 61, qui unit Toulouse et l'A9 à hauteur de leur embranchement narbonnais, ne compte généralement que deux bandes de circulation, ce qui est notoirement insuffisant. Elle sert de moyen de sortie à tous les Toulousains qui rejoignent la côte méditerranéenne et de passage à l'entièreté du trafic - poids lourds et autocars compris - entre l'ouest de la France et la péninsule ibérique ou même l'Italie: cela fait du monde! 


Dès qu'un accident se produit - ce qui est fréquent et sans doute inévitable - cela congestionne le trafic. En outre, effet collatéral de la réduction, réelle et souhaitable, de la vitesse, les conducteurs laissent moins de distance entre les véhicules, ce qui augmente encore le risque d'accrochage.


Hier, entre Toulouse sud et Leucate, j'ai payé 15,20 € de péage pour effectuer 171 km. La route est plate, l'espace est énorme et il n'y a pas un seul ouvrage d'art coûteux. On pourrait aisément élargir la voie. Or, un accident a occasionné une retenue de près de deux heures à hauteur de Bram, puis un autre plus loin vers Lézignan, qui a duré plus longtemps encore avant d'être dégagé. 


Ma première remarque concerne les secours. Il est facile de crier yaka et je ne peux juger honnêtement de leur efficacité. Il me semble normal de mettre tout en oeuvre pour assurer des premiers secours de grande qualité, quitte à neutraliser tout ou partie du trafic. J'ai effectué moi-même des dizaines de missions de SAMU dans ma vie et c'est une tâche ingrate. Néanmoins, à part quand il s'agit de désincarcérer des victimes, rares sont les cas où on ne peut pas transporter le patient vers une ambulance très médicalisée garée à quelques mètres de là (bande d'arrêt d'urgence), pour y poursuivre les soins sur place. Très vite, les dépanneurs et/ou les services d'entretien de la chaussée peuvent alors entrer en action. 


Ma deuxième remarque concerne le tarif. L'autoroute à péage française est chère, l'une des plus chères au monde, et en augmentation constante, même pour les vieux tronçons amortis depuis belle lurette, comme l'A1 vers la Belgique, par exemple. Or, le contrat tacite entre l'exploitant/exploiteur et nous est qu'elle doit nous conduire d'un point à un autre avec le maximum de sécurité et à la vitesse la plus proche de ce que prévoit la loi. Lorsque ce n'est pas le cas, il y a rupture de contrat et la gratuité ou une forte remise me paraît de mise. En cas de travaux prolongés (les 35 heures !), en cas d'insuffisance de débit chronique, en cas de déblaiement chaotique après un incident de parcours, il me semble que l'usager est floué.


Ma troisième remarque concerne une arnaque volontaire, entretenue et organisée. Cette fois-ci, c'était sur le réseau ASF mais les autres ne valent pas mieux. Très vite (télésurveillance et patrouilleur, appel sur portable de la part des usagers), les services officiels connaissent la survenue d'un événement, comme on dit sur le "107,7". Mais on ne vous en préviendra (bulletin de la radio FM des autoroutes) que le plus tard possible, les panneaux lumineux ne porteront cette information qu'à faible distance des lieux et surtout la localisation exacte sera mal indiquée. Pourquoi?


Pour vous empêcher de quitter le réseau et d'essayer un itinéraire alternatif par les voies départementales, bien sûr. On souhaite éviter un carambolage en chaîne, d'où l'avertissement, mais on vous dirige vers les aires de repos (et leurs ventes à prix prohibitif par la GD, les sociétés agro-alimentaires et les compagnies pétrolières). Tout plutôt que vous voir échapper à quelques kilomètres tarifés! De même, les sorties possibles ne sont pas mentionnées, et leurs guichets supplémentaires (pourtant informatisés et automatiques) restent obstinément fermés. Hier, à Lézignan, c'est une file considérable, débordant sur la voie de l'auroute elle-même et sur sa BAU, qui reliait le tarmac aux caisses. Diable, tant vers Narbonne que vers les P.O., l'Aude possède par là un réseau routier dense permettant beaucoup d'options.


On m'objectera, et c'est parfois recevable, que les préfectures ne souhaitent pas voir encombrer les voies plus petites, notamment par les poids lourds. Mais, d'une part c'est rarement le cas; d'autre part, la cherté des péages autoroutiers commence déjà à entraîner cet effet, notamment pour les chauffeurs immatriculés en Roumanie, en Bulgarie, dans les Pays Baltes, en Slovaquie ... 


Non, croyez-moi, il y a bien manoeuvre concertée entre le microcosme intriqué des forces de police, des sociétés d'autoroute, des prestataires de service et du monde du dépannage et de l'intervention d'urgence.


Paie, arrête-toi de rouler, achète et surtout ne t'échappe pas de la nasse ! 



Write a comment

Comments: 0